30 Avr. 2015

Les vins majestueux du Château Pesquié

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J’ai rencontré les deux dynamiques propriétaires du Château Pesquié, voici ce qu’ils m’ont confié.

RH. – Votre propriété, le Château Pesquié, est un domaine vinicole situé sur le Mont Ventoux, qui est un lieu géographique privilégié.

FRÉDÉRIC CHAUDIÈRE. – Nous sommes situés au sud-est de la vallée du Rhône, à un peu plus de trente minutes d’Avignon, dans un petit village qui s’appelle Mormoiron. Notre domaine se trouve au pied du Mont Ventoux, le dernier sommet important des Basses-Alpes, qui culmine à 1912 m.

ALEXANDRE CHAUDIÈRE. – C’est en effet l’influence de cette montagne qui nous permet d’avoir un microclimat particulier. Le vignoble est situé entre 300 et 400 m et bénéficie d’un climat un peu plus frais que dans le reste de la vallée du Rhône grâce aux masses d’air froid qui descendent la nuit des hauteurs de la montagne : à cause de ce terroir exceptionnel nos vins gagnent en fraîcheur et en équilibre.

RH. – Château Pesquié vient de pescarium qui en Provençal s’applique au vivier et au bassin. Vous avez des vestiges romains?

FRÉDÉRIC CHAUDIÈRE. – Le lieu-dit Pesquié a été habité depuis l’ère romaine et sans doute bien avant. Nous avons en effet deux sources qui se croisent sur le domaine et l’une d’entre elle est canalisée dans la partie souterraine avec des techniques romaines. Mais le plus exceptionnel vestige que les Romains nous ont laissé il y a deux mille ans… c’est la vigne !

ALEXANDRE CHAUDIÈRE. – C’est un amusant paradoxe que nous soyons producteur de vin et que notre nom tire pourtant son origine de l’eau !

RH. – Le Moyen-âge a marqué la région.

FRÉDÉRIC CHAUDIÈRE. – La vallée du Rhône, corridor entre les Alpes et le Massif Central, est d’abord un lieu de passage. La région est progressivement devenue un carrefour entre l’Italie, l’Espagne, le St-Empire Germanique, etc… L’installation des papes à Avignon au Quatorzième siècle accélère d’ailleurs l’essor de la viticulture dans les environs.

ALEXANDRE CHAUDIÈRE. – L’empreinte la plus visible aujourd’hui du Moyen-âge, au-delà de l’incroyable Palais des Papes d’Avignon, demeure le clocher des églises que vous trouvez dans chacun des petits villages de la région, même dans les coins les plus reculés du Ventoux.

RH. – Votre château à l’architecture d’une Bastide Provençale? Quelle est son histoire et quand est-ce que votre famille s’installe au château?

FRÉDÉRIC CHAUDIÈRE. – Le Château, dans sa forme actuelle, date en effet du milieu du XVIIIème siècle et offre l’allure classique du grand « Mas » Provençal. Sa belle allée de platanes a elle-aussi sans doute plus de 250 ans.

ALEXANDRE CHAUDIÈRE. – Notre famille s’est installée à Pesquié au début des années 1970, quand nos grands-parents, Odette & René, ont repris le domaine. Nos parents, Édith & Paul, ont ensuite repris le domaine vers le milieu des années 1980 et créé la cave en 1990. Après une longue période de « coopération », nous sommes devenus l’une des premières caves indépendantes de l’AOC Ventoux. Nous avons repris la propriété avec mon frère depuis plus de dix ans et espérons bien la transmettre à la quatrième génération ! Mais nous avons le temps pour cela…

RH. – Château Pesquié est votre propriété familiale où vos grands-parents et vos parents sont présents. Vous êtes  les directeurs, comment vous partagez-vous le travail?

FRÉDÉRIC CHAUDIÈRE. – De mon côté, je me concentre surtout sur la gestion et la vente. Mon frère Alexandre est quant à lui plutôt focalisé sur la production, à la vigne et dans la cave.

ALEXANDRE CHAUDIÈRE. – Même si chacun a son domaine de prédilection, nous travaillons main dans la main et notamment quand il s’agit de moments cruciaux, comme pour l’assemblage des vins, nous prenons les décisions ensemble.

RH. –  Quelle est la dimension de votre domaine? Comment sont vos terroirs et le climat?

FRÉDÉRIC CHAUDIÈRE. – Le domaine fait près de cent hectares. Le moins qu’on puisse dire, c’est que nous ne nous ennuyons pas… L’un des principaux avantages de cette surface, c’est qu’elle nous permet de travailler une grande diversité de terroirs.

ALEXANDRE CHAUDIÈRE. – Comme nous l’avons mentionné, le Ventoux bénéficie d’un microclimat de fraîcheur, grâce à la combinaison de l’altitude du vignoble et de l’influence du Mont Ventoux. Les sols sont très divers : ils sont essentiellement calcaires, à l’image du sommet rocailleux de notre montagne. On trouve aussi différents types d’argiles: grises, rouges, jaunes, ainsi que quelques sables, qui apportent de la finesse dans les assemblages.

RH. – Quel type d’agriculture pratiquez-vous ?

FRÉDÉRIC CHAUDIÈRE. – Avant que nous le reprenions, le domaine était cultivé en Agriculture durable ou raisonnée,  par notre père depuis vingt ans déjà. Nous avons ensuite entrepris sa conversion progressive en agriculture biologique et sommes désormais en train de terminer la certification des derniers hectares. Aujourd’hui, l’intégralité du vignoble du Château Pesquié est cultivée sans pesticide, ni herbicide et avec des apports de matière organique uniquement.

ALEXANDRE CHAUDIÈRE. – Nous nous intéressons aussi depuis longtemps à la biodynamie et avons sélectionné certaines parcelles qui vont être menées en biodynamie à titre expérimental pour les années qui viennent.

RH. – Combien de cépages cultivez-vous ?

FRÉDÉRIC CHAUDIÈRE. – Nous cultivons actuellement une dizaine de cépages. Les principaux sont : Grenache et Syrah pour les rouges et Viognier, Roussanne et Clairette pour les blancs.

ALEXANDRE CHAUDIÈRE. – Nous avons aussi du Carignan, du Chardonnay, du Marselan, du Mourvèdre et du Cinsault et nous nous intéressons plus particulièrement à ces deux derniers cépages pour le long terme.

RH. – Décrivez-nous votre chai. Comment se fait la vinification chez-vous de façon générale?

FRÉDÉRIC CHAUDIÈRE. – Notre cave est construite dans le prolongement d’un coteau. Cela nous permet de travailler largement par gravité. Nous avons une majorité de cuves inox mais aussi une belle cuverie en béton et un parc de plus de trois cent barriques pour l’élevage de nos cuvées haut-de-gamme.

ALEXANDRE CHAUDIÈRE. – Difficile de répondre à votre question sur la philosophie générale de nos vins : il n’y a pas de recette intangible pour faire de bons vins et il faudrait rentrer dans le détail de chaque cuvée… Disons que nous sommes assez peu interventionnistes et surtout nous concentrons notre attention sur la fraîcheur et l’équilibre de chacune de nos cuvées.

RH. – Combien de types de vins produisez-vous?

FRÉDÉRIC CHAUDIÈRE. – Notre gamme compte un peu plus d’une dizaine de références. Il y a la gamme Château Pesquié, qui décline des assemblages de cépages en AOC Ventoux mais aussi la gamme Le Paradou avec des vins mono-cépages : Grenache pour le rouge, Viognier pour le blanc et Cinsault pour le rosé.

ALEXANDRE CHAUDIÈRE. – La dernière nouveauté du côté de Pesquié, c’est le lancement d’un Muscat de Beaumes-de-Venise. C’est le premier vin doux naturel que nous faisons dans une gamme de vins exclusivement secs et nous sommes très heureux de cette nouvelle expérience !

RH. – Quelle part représente le marché québécois sur vos exportations?

FRÉDÉRIC CHAUDIÈRE. – Nous travaillons dans environ trente-cinq pays mais le Québec a pour nous une place à part dans notre distribution. Il représente aujourd’hui un peu plus de 5% de nos exportations  et c’est un des premiers marchés qui nous ait soutenu dès le début des années 1990.

ALEXANDRE CHAUDIÈRE. – Nous sommes en effet très reconnaissants envers les Québécois pour leur fidélité !

RH. –  Merci de m’avoir accordé cette entrevue, Frédéric et Alexandre Chaudière,  vos liens et ceux de votre agent Sélections õENõ figurent à la fin de l’article.

RH. –  En partant, mes amis vignerons du Ventoux m’ont laissé quatre bouteilles.

La première c’est LES TERRASSES BLANC 2013 fait de Viognier 70%, Roussane 15% et Clairette 15%. 12,5° d’alcool.

Robe limpide, aux reflets dorés. Un beau bouquet de fleurs où se démarquent le chèvrefeuille, le jasmin et l’acacia. Il y a des notes de citronnelle, de limette et de pamplemousse. Généreux en bouche, avec une belle fraîcheur et le goût d’agrumes qui est ici très charmeur. Un vin d’apéritif à déguster sur la terrasse. Il accompagne aussi merveilleusement la langouste, les poissons grillés, une merveille avec un saumon en croûte de sel. Très bon avec le poulet et la dinde, délicieux avec des fromages de chèvre. On doit le servir frais, autour de 6° C en apéritif et à 8° C avec un repas chaud. Il est prêt à boire.

Les Terrasses, Blanc 2013 Château Pesquié est disponible en importation privée chez le représentant Sélections õENõ. Prix 19,35$.

J’ai ensuite dégusté l’Artemia 2010 Appellation Côtes du Ventoux, fait d’une sélection de très vieilles vignes de Syrah, et de Grenache à parts égales. 14,5° d’alcool.  C’est un vin de gastronomie, dans une robe rouge rubis. Des arômes complexes et fins de fruits noirs, d’épices, de violette, de tabac et de fleurs exotiques, de torréfaction. En bouche ce vin c’est de la gourmandise : des tanins veloutés, une acidité bien balancée avec l’alcool; une belle minéralité qui exprime le terroir, de la puissance apportée  par la Syrah et de l’onctuosité et des épices apportée par le vieux Grenache. Une finale élégante, toujours gourmande. Un vin qui gagne à être décanté, et qui doit être servi à 17° C. Il accompagnera très bien les plats de venaison, les gigots, le roastbeef; délicieux également avec un plateau de fromages. Il est prêt à boire mais pourra se garder en cave près de 15 ans.

L’Artemia 2010 Château Pesquié est disponible à la SAQ code 10935660 Prix 41,75 $.

J’ai continué avec Quintessence 2011 de Château Pesquié, appellation Ventoux, 80% Syrah et 20 % Grenache, 15° d’alcool. Élevage en fûts dont 60% neufs. Belle robe rouge violacé dense qui fait dans le verre des larmes persistantes. Des arômes riches en fruits noirs, cerise, prune, tabac, épices douces. En bouche des tanins virils mais déjà ronds. Une matière riche en goût et en arômes,  un goût de fruit prononcé une belle acidité bien fondue avec les tanins et l’alcool. Une finale qui prolonge le plaisir.  S’accordera à merveille avec toutes sortes de viandes au four et en grillade, et avec des saucisses au barbecue. Je suggère de le servir à 17°C. Il gagne à être mis en carafe. Il peut se conserver en cave jusqu’à 15 ans et continuera à s’améliorer, mais il est déjà très bon à boire maintenant. Le

Quintessence 2011 de Château Pesquié
est disponible à la SAQ code 00969303  Prix 27,85 $.

J’ai finalement dégusté le Terrasses rouge, 2013 de Château Pesquié, 60% Grenache et 40% Syrah, 14° d’alcool. Robe rouge cerise. Un bouquet fruité de prune, de cerise, de mûre et de myrtille. Un soupçon d’épices douces, un peu de réglisse. En bouche il est ample, joyeux, avec une belle matière fraiche, fruitée et réglissée, un bel équilibre, et une finale très agréable, qui invite à un autre verre.
C’est un vin polyvalent qui accompagne avec bonheur autant les viandes rouges que blanches, qui s’accommode parfaitement avec les pâtes et les fromages. On peut le boire en apéritif sur la terrasse et alors il faut le servir assez frais, autour de 16° C, mais autour de 18° C au repas.
Il peut se garder 5 ans en cave mais il est agréable à boire dès maintenant.

Le Terrasses rouge 2013 de Château Pesquié est disponible à la SAQ, code 10255939. Prix 17,10 $.

LIENS:

Château Pesquié
Représenté au Québec par:
Sélections õENõ

Roch Bissonnette
Président
roch@oeno.ca

Noël Fourcroy
Directeur des ventes
Tel. 514 769-1990
nfourcroy@oeno.ca

Caroline Migneault
Représentante restauration
514 712-6783
cmigneault@oeno.ca 

André Dagenais
Représentant
514 769-1990
adagenais@oeno.ca

Roger Huet
Chroniqueur vins et spiritueux
Président du Club des Joyeux
Samyrabbat.com
LaMetropole.com